Méditation 27ème dimanche ordinaire B – 3 octobre 2021
Il n’est pas plus facile aujourd’hui qu’à l’époque de Jésus d’aborder sereinement la question du mariage et de la famille :
– Les Pharisiens « mettent Jésus à l’épreuve » (= sera-t-il laxiste ou rigoriste ?)
– Ils l’enferment dans une question de permis / défendu… alors que la réalité du couple et de la famille est bien plus ample !
Dans sa réponse, Jésus fait un pas en arrière (face aux pièges), et renvoie à l’admirable portrait du couple humain (Gn 2), qui comporte des détails lumineux.
A la suite de Jésus et du Pape François (cf. l’encyclique « La joie de l’amour », Amoris Laetitia) :
– contempler cette réalité « fondamentale » du couple et de la famille(= le dessein originel, le rêve de Dieu pour l’humanité)
– redire combien l’annonce chrétienne concernant le couple et la famille est une « bonne nouvelle » !
On va regarder trois « détails » de ce magnifique récit, qui est loin d’être archaïque et naïf.
1/ l’inquiétude de l’homme qui cherche « une aide qui lui correspondra »
La femme est celle qui sera capable de combler cette solitude que la proximité des animaux et de toute la création ne comble pas (« il ne trouva aucune aide qui lui corresponde »).
L’expression hébraïque « aide qui lui corresponde » renvoie à une relation directe, presque « frontale » (les yeux dans les yeux). C’est la rencontre avec un visage, un « tu » qui reflète l’amour divin. C’est un dialogue d’amour silencieux.
Cette relation, cette altérité, va sauver l’humain de la solitude !Il y a quelqu’un qui est en face, avec lequel communiquer, communier.
2/ la femme tirée mystérieusement du « côté de l’homme »
Le mot hébreu que l’on traduit habituellement par « côte » signifie davantage « côté » : « Le Seigneur prit un de ses côtés, puis il referma la chair à sa place. Avec le côté qu’il avait pris à l’humain, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme/masculin. »
Il y a dans ce récit, de manière imagée, l’idée d’une complémentarité : aucun des deux, ni l’homme ni la femme, ne réalise pleinement l’humanité (l’humain) à lui tout seul (= incomplétude).
De l’humain-générique naissent l’homme/mâle et la femme. Ils sont fondamentalement des égaux (= « à côté ») et ont besoin d’être ensemble pour accomplir leur humanité.
A travers l’image du sommeil mystérieux, il y a aussi l’idée de quelque chose qui échappe à la compréhension et à la maîtrise… La femme est amenée à l’homme par Dieu, comme un don (et réciproquement).
3/ « l’homme s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un »
Le verbe hébreu « s’attacher » indique une étroite syntonie, un attachement physique et intérieur fort (on l’utilise dans la Bible pour décrire l’union de l’homme avec Dieu – Ps 63 : « mon âme s’attache à toi »).
L’union matrimoniale est ainsi évoquée dans sa dimension sexuelle et corporelle, mais aussi en tant que don volontaire d’amour. Le projet de cette union est de parvenir à être « une seule chair », par l’union physique, l’union des cœurs et des vies, et à travers l’enfant qui naîtra peut-être des deux.
Un attachement non fusionnel (altérité), qui est fécond.
Conclusion :
Regarder le couple et la famille à travers le regard du Christ. Non pas idéaliser le couple et la famille, mais retrouver le projet originel, fondateur, de Dieu. Contempler cette réalité fondamentale, avant de voir tout ce qui brise l’harmonie et la communion dans la vie du couple et de la famille.
La Bible ne méconnaît pas la difficulté de cette communion de vie, ses errances et son péché. Mais elle place au début de la Genèse, et au cœur de l’Evangile, cette « bonne nouvelle », qui demande notre regard de foi et d’espérance : par la grâce du Christ (donnée notamment à travers le Sacrement du mariage), qui guérit et transforme le cœur endurci en l’orientant vers son origine, la famille humaine est appelée à être cette communion des personnes, à l’image de la communion trinitaire.
Père Edouard George