Méditation 26ème dimanche ordinaire B – 26 septembre 2021
Vous voulez avoir une idée claire sur la relation entre le Christ et l’Eglise, ouvrez la lettre de Saint Paul aux Colossiens. Dès le premier chapitre intitulé » Cantique au Christ, chef de l’univers » aux versets 18 et 20, Paul affirme que le Christ est la tête du corps et chef de l’Eglise. La mission lui assignée par Dieu est de tout réconcilier sur terre et dans les cieux par le sang de sa Croix. C’est ce que nous célébrons liturgiquement dans nos assemblées dominicales par nos chants. Le plus souvent à l’entrée nous proclamons » Nous sommes le corps du Christ, chacun de nous est un membre de ce corps, chacun reçoit la grâce de l’Esprit pour le bien du corps entier « . Et pour l’envoi, nous nous reconnaissons » un peuple de frères et de l’alliance, appelé à porter l’Évangile et la paix de Dieu. Et ce, sans frontières ni exclusive. Dans » La joie de l’Evangile « , le Pape François va dans le même sens. Il y rêve d’une Église » de la périphérie « , celle qui doive toujours sortir. Et donc, d’une Église essentiellement missionnaire et évangélisatrice. A tous ces titres, l’Eglise selon le Pape devra comme son chef, prendre des initiatives d’amour, s’impliquer dans le service des autres – allusion au lavement des pieds- ; accompagner l’humanité en tous ses processus et enfin, être joyeuse d’avoir fructifier parce que son chef la veut féconde.
Cependant, un aveu s’impose. Nous avons du mal à traduire cette image de l’Eglise dans les actes quotidiens. Il y a à cette carence deux raisons. La principale, c’est notre interférence dans l’action de Dieu. Nous oublions qu’il donne son Esprit quand, comme il veut et surtout, à qui il veut. Nous en avons l’illustration dans le livre des Nombres et l’évangile de Marc aujourd’hui. Au jugement de Josué, fils de Noun, qui intervient auprès de Moïse, les deux anciens Eldad et Médad n’avaient pas mandat de prophétiser. Même pas dans le camp. Tout simplement parce que, ne s’étant pas rendus à la Tente comme les autres, ils n’avaient pas reçu le même esprit que Moïse. Celui-ci s’en moque. » Ne sois pas jaloux pour moi. Il plaît au Seigneur de faire de tout son peuple, un peuple de prophètes « . Où est ton problème, Josué ?La scène se reproduit dans l’évangile. Jean, l’un des Douze intervient avec la même hardiesses et de la même manière auprès de Jésus. » Maître, nous avons vu un inconnu expulser les démons en ton nom; nous l’en avons empêche, car il n’est pas de ceux qui nous suivent « . La réponse qu’il reçut ne diffère pas de celle que Moïse donnait à Josué au niveau du fond. » Ne m’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, dire le mal de moi « . Avec le pluriel utilisé, disons qu’au travers de Jean, Jésus s’adresse aussi à nous ici et maintenant. Il nous dit que la fidélité à son nom se vérifie seulement dans la reconnaissance de sa vraie identité. Nous devons le comprendre et en tirer des leçons pour l’annonce de son Évangile de paix. Donc comme lui, nous avons à accueillir le plus largement possible. À cet effet, il nous interdit d’ériger les obstacles sur la route de tout-venants dont la foi est encore balbutiante et sur celle de tout-petits auxquels il s’identifie volontiers en les plaçant au milieu de ses disciples. Aux supposés contrevenants, son avertissement est sévère. » Il vaudrait qu’on leur attaché au cou une de ces meubles que tournent les ânes et qu’on les jette à la mer. Ou encore, mieux vaudrait qu’ils aillent dans la géhenne, là où le ver ne meurt et où le feu ne s’éteint pas « . Ainsi avertis, rivalisons à porter sans exclusive, sans condition son Évangile et sa paix. Et sur le chemin, bénissons ceux qui nous offrent l’hospitalité ne fût- ce qu’avec un verre d’eau en son nom.
A ceux qui voulaient être ses disciples et engagés dans la même mission que lui, Jésus lançait une invitation au renoncement vis-à-vis aux richesses de ce monde. Il les prévenait en ces termes : » Quel avantage l’homme a-t- il de gagner le monde entier en le payant de sa vie ? » Cette question fait le lit à la deuxième raison qui brise notre élan missionnaire à la suite de notre Maître. C’est le penchant viscéral à l’aisance matérielle, c’est la course effrénée derrière les richesses. Oubliant qu’aucune somme d’argent ne peut être versée en échange de la vie. C’est à ce propos que je nous invite à lire et relire la lettre de Saint Jacques que l’Eglise nous propose aujourd’hui. La leçon ? C’est que nous devenions riches pour Dieu et non pour nous-mêmes. Non encombrés, nous serons les missionnaires selon le cœur de Dieu.
Abbé Jean de Dieu