Méditation mercredi des cendres – 17 février 2021
Aujourd’hui commence pour nous, le temps de carême !
En d’autres mots, nous sommes à 40 jours de Pâques ! La Bonne nouvelle, la toute bonne jamais annoncée au monde, est tombée à l’aube de ce jour-là (jour de Pâques), pendant qu’il faisait encore nuit sur le monde, dans les cœurs des disciples surtout ! Comme « un murmure retentissant », comme un sanglot de joie jaillissant des cœurs des femmes revenues du tombeau en courant, les disciples, apeurés et incrédules, ont entendu ces mots libérateurs: « Il est ressuscité » !
S’il y a quelques semaines, à Noël, nous avons célébré l’initiative de Dieu de se faire un de nous, pour nous sauver ; à Pâques, il a scellé pour toujours, par son sang, l’alliance qui nous vaut le salut. En Lui et par Lui chacun de nous est sauvé. Nous sommes un peuple des « sauvés », tirés de la mort, comme Moïse fut tiré des eaux !
Comme chrétiens, c’est conscient de cela que nous commençons ce temps de carême !
Alors, comment vas-tu ? Comment vas-tu là, au plus profond de toi ? Les quarante jours qui viennent te sont proposés pour rentrer justement au plus profond de toi, te laisser regarder « tendrement » par le Seigneur qui t’aime, pour évaluer ton itinéraire de vie : d’où tu viens, où en es-tu, et où vas-tu !
Nous vivons des moments particuliers avec ce fameux virus. Il nous plombe la vie. Les rapports humains ne sont plus les mêmes. Les vrais contacts avec ceux que nous aimons nous manquent. Pour beaucoup, le manque de perspective rend les journées insupportables, sans compter ceux qui sont effectivement touchés par cette pandémie dans leur corps, leurs familles, dans leurs affaires…
Ces 40 jours sont donc comme des journées de vérité vis-à-vis des autres, proches ou non (aumône = justice dans les relations, tout m’a été donné. Donner à mon tour pour éloigner la misère qui défigure l’image de Dieu dans l’homme…); quarante jours de vérité devant le Père Céleste (se nourrir dans le face à face avec Lui : dans une prière qui transforme et transfigure l’homme, le rend témoin de sa présence au milieu de tous les frères…) ; et quarante jours de vérité aussi face à soi-même (jeûne dans mes désirs de posséder, autant que dans mes paroles, mes jugements et condamnations prononcés, mes mépris, mes rancunes, mes rejets d’autrui…) !
Il n’est nullement question ici d’élaborer pour soi, ou se faire établir un bulletin de santé psychologique ou morale pour l’assurance-vie au Ciel; le carême ne consiste pas non plus à faire travailler sa conscience pour en laisser ressortir la liste de nos erreurs pour ensuite s’auto-flageller, se punir en mangeant moins, ou en se refusant de gouter à la joie de vivre. Même si cela peut être d’une certaine utilité, on est loin du vrai sens à donner à cette démarche de la foi qu’est le carême!
Il s’agit plutôt d’une invitation « à déchirer nos cœurs, et non pas nos vêtements » comme le dit le prophète Joël. C’est plus que jamais « le moment favorable » pour se laisser porter par Dieu. Le carême arrive comme un appel pressant : « laissez-vous réconcilier avec Dieu » ! C’est le temps pour nommer et oser les ruptures nécessaires en faveur de la vraie vie, c’est un temps de conversion (metanoia) ! Un temps de combat spirituel contre tout ce qui nous tire vers le bas, et veut nous éloigner de Dieu, afin qu’éclate déjà en nous la joie de Pâques : la vie est plus forte que la mort. L’amour a triomphé de la haine, la lumière a vaincu les ténèbres. Cela vaut ta vie de chaque jour ! Quoiqu’il arrive, en Jésus Christ, nous plus que vainqueurs (Rm 8,37) !
En son temps, Moïse le disait déjà au peuple d’Israël en route vers la terre promise : « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur.
Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira… ».
Debout, frères et sœurs, en route ! « Les yeux fixés sur Jésus Christ, entrons dans le combat de Dieu ». A Pâques, tout recommence, et le Ressuscité nous précède sur le chemin (Mt28, 10). Alors bon carême !
Abbé Barnabé IKANA, Curé
Prière :
Tu m’as confié l’amour et le don,
Tu m’as confié la paix et le pardon,
Tu m’as confié la lutte et le salut du monde,
Tu m’as confié la joie et l’avenir du monde
Mais j’ai oublié la grâce reçue de toi,
Tout est parti en fumée
Par mon indifférence, par ma volonté,
Et c’est mon péché.
Il ne reste que les cendres de la beauté passée
Vois Seigneur, c’est tout ce qui me reste du bel héritage à moi confié
Pourtant, Seigneur, à tes yeux, je crois, rien n’est jamais joué
Et même les cendres et les résidus gardent la puissance de germer
Aussi me lèverai-je aujourd’hui, je prendrai mes cendres
Et je les convertirai en terre à semailles.
Car mes cendres sont la terre nouvelle qu’il m’appartient de créer et d’habiter
Mes cendres fertilisées par ta grâce seront ma terre renouvelée
Où l’Evangile étendra ses racines largement !
(Comité France, Jeunes & vocation)