Méditation 4ème dimanche de carême B – 14 mars 2021
La 4ème étape sur le chemin de Pâque est une halte joyeuse. Le motif de cette joie se trouve en Dieu. Il pardonne et ne nous juge pas selon nos fautes. En effet, au nom de sa miséricorde Dieu ne nous enferme pas dans notre passé sombre. Le pardon qu’il nous accorde est toujours une nouvelle chance. A nous de la saisir. Pour cela, le mieux à faire c’est venir à la lumière et rejeter les œuvres des ténèbres. Condition pour être en union avec Lui, le Dieu d’amour. Cette joie se manifeste en ce dimanche rien que par le changement de la couleur des ornements liturgiques. Nous avons remplacé le violet de la pénitence par le rose de la proximité de Pâques.
Mais au-delà de ce changement perceptible, il y a l’important à souligner. Dans la joie d’être unis avec Dieu, nous devons nous imprégner par les mêmes réactions et sentiments de Dieu envers tous les hommes pour à notre tour, les aborder dans le même esprit de bienveillance, de réconciliation et du pardon. Faute de quoi en toute humilité, que chacun reprenne pour son compte ces paroles du psalmiste : « Que ma langue s’attache à mon palais, Seigneur, si je perds ton souvenir ». Puisqu’il est riche en miséricorde cela arrive très rarement. Cependant au regard des lectures qui nous sont proposées, n’y trouvons pas une prime à l’abus.
Nous l’avons observé avec le peuple d’Israël dans la première lecture. De par son histoire, il devait tout au Seigneur Dieu. Il l’a libéré de l’esclavage en pays d’Egypte pour le conduire vers le pays de Canaan, promis à ses pères. Voilà qu’une fois installé en terre de liberté, la belle histoire est presque oubliée. Le peuple multiplie les infidélités à l’Alliance avec tout ce qui s’ensuit : tourner en dérision les envoyés de Dieu, mépriser les paroles de Dieu et se moquer de ses prophètes. Ça lui vaudra un exil de 70 ans à Babylone. Le temps d’expier tout ce dont il se rend coupable à répétition et parfois de manière téméraire. Oui ce peuple est téméraire puisqu’il a même fait fi de la morsure des serpents venimeux au désert durant son exode. Son salut lui venait du serpent de bronze que Moïse avait élevé à un mât pour être simplement regardé. On dirait qu’en l’homme, quand on chasse le naturel il revient au galop. C’est un être à la nuque raide et à la mémoire courte en parlant du peuple d’Israël. C’est par grâce et miséricorde que le Seigneur décide de le ramener de l’exil. Ce retour est pour nous l’image de tous les retours vers Dieu qui ponctuent nos vies.
Revenir au Seigneur Dieu est une démarche qui ne peut s’effectuer à moitié et s’arrêter à mi-chemin. Il faut y être tout entier et aller jusqu’au bout au nom de son amour incommensurable pour le monde. Un amour qui se vérifie en son Fils unique donné au monde. Oui « Dieu n’a pas envoyé son Fils unique dans le monde pour juger le monde, mais pour que par lui, le monde soit sauvé » nous dit l’évangéliste Jean. C’est pour cela qu’il ne l’a pas épargné de l’humiliation de la part des hommes. Ceux-ci l’ont arrêté, maltraité, mis à mort et suspendu à la croix. Et par la suite, Dieu a pris position pour son Fils. Il l’a relevé d’entre les morts. Ainsi quiconque croira en lui ne se perdra pas, mais aura la vie éternelle. Et depuis, l’épisode du serpent de bronze, élevé par Moïse au désert reçoit son actualité. C’est en regardant vers cette croix dressée sur le monde, croix où Jésus fut élevé, que nous serons sauvés. Jésus lui-même le dit d’emblée au Pharisien Nicodème qui vient le trouver de nuit cherchant auprès de lui le chemin de la Vérité, de la Lumière et de l’Amour. Ce chemin est le seul qui dés ici et maintenant, aide à opérer un bon choix. Entre le salut et la condamnation en vue du Jugement. L’évangéliste Jean est très clair à ce propos : « Celui qui croit en Lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu ». Tout de suite, avouons que cela ne va de soi. Il faut un entraînement soutenu pour cette raison qu’en donne Jean : « La Lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière parce que leurs œuvres étaient mauvaises ». Effectivement, celui qui fait le mal déteste la lumière. Il a peur que ses œuvres soient dénoncées. En revanche celui qui fait la vérité vient à la lumière car il n’a rien à se reprocher. A ce sujet que personne ne se jette des fleurs. Il y a toujours en nous, ce que l’apôtre Paul avait expérimenté : « Je suis misérable car je ne fais pas le bien que je veux ; mais je fais toujours le mal que je hais ». Pour cette inclination qui nous colle à la peau, Paul annonce cette grande vérité : « c’est bien par la grâce que nous sommes sauvés. Que nul n’en tire orgueil ». Il y a ici un aveu qui nous dispose à la réconciliation en trois temps et à trois niveaux : avec soi-même, avec autrui et ensemble, avec Dieu par le Christ. A cet effet, la célébration du sacrement de la Réconciliation prévue dans notre Unité pastorale avant Pâques est la bienvenue.
Jean de Dieu Muinisaka