Méditation 11ème dimanche ordinaire B – 13 juin 2021
Semons avec patience et confiance le Royaume de Dieu
Nous avons, si souvent, bien du mal à discerner l’action et la présence de Dieu dans nos vies et dans le monde. Et pourtant, ainsi que nous le chantons » les signes de Dieu, traces de sa Gloire, sont par milliers dans notre Histoire « . Il nous appartient seulement d’ouvrir l’œil et le bon pour les percevoir. Car, malgré sa toute-puissance, Dieu ne s’impose pas à nous. Que ce soit pour instaurer son Règne de justice et de paix ; d’amour et de vérité ; que ce soit pour nous relever de nos fautes, Dieu s’y prend toujours avec discrétion et patience. Ce mode opératoire dicté par sa pédagogie d’amour infini nous surprend en même temps qu’il peut nous plonger dans le doute sur Lui. Ainsi nous arrive-t-il par endroits et par moments de poser des questions du genre : » Dieu nous a-t-il abandonnés ? A-t-il fermé ses entrailles ? Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? ».
Oui, le sentiment de l’abandon de la part de Dieu était celui du Peuple d’Israël. A chaque fois qu’il était en déportation, loin de ses terres et privé de ses institutions politico-religieuses, il oubliait ses fautes pour s’en prendre à Dieu. On voyait alors Dieu lui susciter un prophète pour le ramener aux bons sentiments. C’est le cas d’Ezéchiel dans la première lecture. Quand il s’adresse au « petit reste », demeuré fidèle, Ezéchiel recourt à l’image de la nature. Celle d’un vieux Cèdre. Même s’il est considéré sans vie pour les hommes, Dieu peut dans sa toute-puissance en cueillir une jeune pousse, la replanter sur une haute montagne et la bouturer. Au finish, il portera des rameaux, produira du fruit. Devenu un magnifique cèdre, il peut recevoir à son ombre tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux. La surprise heureuse est totale. Elle vaut pour mettre sa confiance totale en Dieu, le Surprenant.
Au chapitre de son Règne, c’est pareil. Certes, il avait promis qu’il serait l’œuvre de son Fils, le Messie issu de la descendance de David. Et ce Messie déjà venu nous l’avait confirmé en en donnant même des signes grandioses: « Le Royaume de Dieu est parmi vous. Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle « . (Mc. 1, 15) Malgré cette présence efficiente, ne voyant rien venir selon notre entendement, le doute s’y est invité. Il est perceptible dans la question que les envoyés du Précurseur Jean-Baptiste viennent poser à Jésus parce que leur maître est jeté en prison. « Est- ce toi, le Messie ou devons-nous en attendre un autre ?« (Mt 11, 3). La réponse qui leur fut donnée est bien connue : « Rapportez-lui tout ce que vous avez vu et entendu ».
Face à ce malaise persistant, un éclairage s’impose. Du côté de Dieu et du nôtre.
Le Seigneur Dieu qui fait des promesses n’est pas dans le temps comme nous puisqu’il est éternel. Et partant, son agenda nous contrarie, nous qui sommes situés dans l’espace et le temps. Parce que nous comptons nos jours et nos années, ça nous semble long de patienter. C’est à ce propos que le Seigneur nous prévient par la bouche du prophète Isaïe : » Vos pensées ne sont pas mes pensées, vos chemins ne sont pas mes chemins « . (Is. 55, 8-9).
Ceci étant, même quand nous le prions, laissons Dieu agir selon lui. En attendant d’être agréablement surpris, rendons-lui grâce. Car selon le psalmiste, même » vieillissants, en Dieu, nous sommes pleins de sève et de verdeur « . (Ps. 91).
De notre côté, il y a une préoccupation. Palper du doigt les fruits du Royaume que Jésus a déjà inauguré parmi nous. Au regard de cet empressement, dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous invite à une patience » confiante « . En vue de grandir dans la foi, il explique la croissance du Royaume de Dieu au moyen des images bien connues, tirées de la terre. Pour Jésus, ce Royaume est comparable tantôt à une semence jetée en terre, tantôt à la graine de moutarde, la plus petite de toutes les graines. Dans les deux cas, le tout se passe en défiant nos calculs et observations. Et donc, à notre insu. C’est pour dire qu’au sujet du Royaume et de sa croissance, le Seigneur sème sans cesse sa parole-semence. Sa grâce travaille sans qu’on s’en rende compte. Il faut tout simplement lui faire confiance.
La loi de cette croissance de la nature est aussi celle de chacun des croyants. La vie du chrétien consiste à cheminer dans la foi, d’espérer contre toute espérance, même quand on ne voit pas où on va. Et donc, puisque le Royaume des cieux n’est ni objet de nos conquêtes ni fruit de nos efforts, il nous est tout simplement demandé, tout en priant, d’accueillir son Royaume dans nos cœurs, de le laisser grandir et de le transmettre. Ainsi son champ ensemencé sera étendu sur toute la terre. En attendant, nous demande l’apôtre Paul, que notre seule ambition soit celle de plaire au Seigneur. Amen !
Jean de Dieu Muinisaka