Méditation 5ème dimanche de Pâques B – 2 mai 2021
« Demeurez en moi, comme moi en vous » !
Depuis la veillée pascale, la liturgie dominicale, l’évangile particulièrement, n’a pas arrêté de nous montrer les disciples presqu’au pas de course ! Sortis de leur torpeur, de la culpabilité d’avoir abandonné le Maître et surtout du poids de l’ « échec cuisant » que semblaient être à leurs yeux sa crucifixion et sa mort, la nouvelle de sa résurrection les a profondément bousculés. Mais quelque chose a changé au fond d’eux-mêmes. Ils ne peuvent plus rester là, statiques.
Les femmes ont couru annoncer aux apôtres que le tombeau était vide. Deux de ces derniers ont fait du marathon pour savoir ce qu’il en était de ce tombeau vide (Pierre et Jean). Pleins de tristesse et d’amertume, deux autres, ayant carrément décidé de laisser derrière eux ces moments de rêves de libération passés auprès de Jésus, et pleurant leurs espoirs bannis, referont le chemin inverse en courant et criant aux autres : « Il est ressuscité ! » (disciples d’Emmaüs)
En effet, la puissance de la Nouvelle était si forte que nul ne savait la garder pour soi ! Elle débordait comme elle déborde encore de nos cœurs et de nos vies. Elle transforme et transporte quiconque l’accueille réellement ! La joie de Pâques se révèlera encore et toujours extrêmement « contagieuse », active et libératrice ! A croire qu’à la résurrection du Christ, les disciples à leur tour se sont vus « ressuscités ». En tout cas « ils se sont mis débout », allant sur les chemins annoncer au monde qu’en Jésus ressuscité, nous avons « obtenu le salut de Dieu » !
En effet, pour chacun d’eux, plus rien ne se présentait plus comme avant. Transfigurés et débordant d’élan missionnaire, ils ont vécu « leur passage » (pâque) ! On les entendrait presque chanter : « Tu as changé mon deuil en une danse, mes habits funèbres en parure de joie. Que mon cœur ne se taise pas, qu’il soit en fête pour toi, et que sans fin, Seigneur, mon Dieu, je te rende grâce ! » (Ps 29, 12-13).
C’est bientôt l’Ascension du Seigneur (ce jeudi 13/5). Autant ce dernier avait préparé pendant quarante jours les apôtres à la mission qui sera la leur après sa montée auprès du Père (Ac 1,3), de même l’Eglise, à travers la liturgie, nous a donné de goûter à notre tour, à la fraîcheur de Pâques avec les récits des apparitions durant les 3 premières semaines passées. Et avant de reprendre le relais de la même mission: « vous serez alors mes témoins… jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8b), nous sommes conviés au face à face avec Jésus. Une invitation à entrer dans son intimité, à demeurer en Lui. Car on le sait, personne ne peut donner ce qu’il n’a pas. De la même façon, on ne peut être un vrai disciple du Christ ou son témoin, si on ne le connait pas.
C’est avec l’évangéliste Jean que nous partons à la rencontre de Jésus, en ce 5è dimanche du temps pascal. En effet, à la lumière de la résurrection, Jean nous dévoile à travers quelques images précises qui est Jésus. « Moi, Je suis la vigne, la vraie, et mon Père est le vigneron … Je suis la vigne, vous êtes les sarments …», dit-il de lui-même. « Je suis », « Vigneron », « vigne », « sarments », « fruit »… Des expressions bien connues des disciples, familiers des Ecritures. En effet, les prophètes Esaïe, Jérémie, Osée n’ont cessé de le chanter : c’est Israël, le peuple élu de Dieu, sa vigne, celle qu’a plantée sa main puissante, entretenue et protégée… (Es 5, 1-7).
Jésus s’identifie au « Je Suis » du buisson ardent, par conséquent de même nature que le Père. Et le vin quant à lui, fruit de la vigne, traduit le caractère « festif » que le vigneron entend faire régner autour de sa vigne ! Tous, sans exception, sont invités à participer au festin des noces de l’Agneau.
Et s’il n’y a pas de vigneron sans vigne, la vigne a besoin des sarments comme les sarments ont besoin de la vigne. De cette étroite union découle l’appel de Jésus au disciple à demeurer en lui pour porter du fruit, de même que Lui demeure dans le Père. Seul le lien étroit à la vigne, laissant circuler la sève des racines aux sarments, permet à ces derniers de porter du fruit.
Après les récits des apparitions, ce texte de Jean nous propose d’aller bien au-delà des commandements, pour une foi chrétienne qui se nourrit de l’union intime au Christ, dans la prière : « celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là portera du fruit en abondance car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire ».
Et c’est à la lumière de la résurrection que Jean et tous les disciples ont compris cela !
Abbé Barnabé IKANA