Méditation Pâques – 04-04-2021
Evangile selon Saint Jean, 20, 1-9
Cours, Marie !
Si « Amour » rime avec « Toujours », il rime aussi avec « Cours ».
Un amoureux, ça court ! Et, ça court vite ! Voici mon bien-aimé qui vient…Il bondit sur les montagnes, il court sur les collines… Marie de Magdala court après son Amour perdu qu’elle n’a cessé de suivre depuis que délivrée par lui de sept démons (allez oublier ça !!), elle devint celle qui collait tous les jours à ses pas. Femme la plus présente des évangiles. Incontournable. Omniprésente : sur le chemin de la passion, à la croix, à la mise au tombeau de l’Amour de sa vie, elle ne peut plus tenir à la maison…
De grand matin, alors qu’il fait encore ténèbres, elle court au tombeau, chercher Celui que son cœur aime. Coup de poignard dans le cœur ! La pierre est enlevée ! Elle angoisse ! Mille questions, mille soupçons l’assaillent… Sans même prendre la peine d’entrer dans le tombeau – le cœur court plus vite que le cerveau – elle court chez les apôtres : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
La course devient contagieuse. Les réseaux sociaux s’emballent. Même l’Église officielle se met en branle ! Pierre et le Disciple bien-aimé, les colonnes de l’Église, se mettent à courir à leur tour…Et les voilà : Pierre et le Disciple, courant, chacun comme il peut…
Le Disciple bien-aimé, amoureux par définition, est déjà au tombeau. Il y jette un coup d’œil, mais il attend…
Pierre, à la traîne – avec sa manie de toujours parler à la place des autres – arrive essoufflé mais attendu par le « Mystique » lui marquant sa déférence en le laissant pénétrer le premier…
Pierre voit les linges, posés là, et, le voile qui avait recouvert la tête, à part, en un autre endroit. Il voit sans voir, comme peut voir un cerveau encombré.
L’autre Disciple, dès le premier coup d’œil, avait déjà compris.
Lui était revenu à l’esprit, la parole de Jésus : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté et que…le troisième jour il ressuscite !
Quand le Disciple entre à son tour dans le tombeau, ce n’est plus pour lui qu’une formalité. Il a vu ce que Pierre a vu, mais, lui, il a vu et il a compris. Il vit et il crut.
Certes, Marie-Madeleine aimait Jésus plus que toute personne au monde mais d’un amour encore possessif, trop impétueux.
Jésus aurait pu lui dire : Écoute, Marie, ne va pas si vite. Ce n’est pas ce que tu penses. Prends la peine d’entrer dans le tombeau. Fais-y un petit tour à ton aise, inspecte. Surtout, souviens-toi des paroles que j’ai dites. Mais bon ! C’est tellement beau le cœur d’une amoureuse !
Je déclare solennellement et à tout jamais que c’est toi, Marie de Magdala, qui dois être reconnue la Première des Apôtres. Pas la treizième ! La Première ! Toi la femme, libérée de sept démons ; toi qui as lancé la course de la Joyeuse Annonce de la Résurrection ; toi qui, la première, as vécu la mission de l’Église ; toi qui as mis en branle la petite bande à la toute première heure de la Nouvelle Création…
Abbé Michel Diricq
Accueillons, pourquoi pas, la nouvelle qu’aujourd’hui le Pape François nomme une femme, Nathalie Becquart, sous-secrétaire du synode des évêques avec droit de vote ! Voyez, quand Pierre s’éveille ! Et ce n’est qu’un début…
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Oui, ce sont bien les yeux du cœur qui fondent la foi.
Dis-nous, Marie Madeleine, qu’as-tu vu en chemin ?
J’ai vu le sépulcre du Dieu vivant ;
j’ai vu la gloire du Ressuscité
j’ai vu les anges ses témoins,
le suaire et les vêtements.
Le Christ, mon Espérance est ressuscité.
Il vous précède en Galilée.
Et maintenant toute l’Église : chacune et chacun de nous,
toute la création peut chanter, avec la dernière strophe de la séquence :
nous le savons : le Christ est vraiment ressuscité des morts.
Roi victorieux, prends-nous tous en pitié !
Cette miséricorde implorée par le larron sur la croix,
cette miséricorde reçue par le fils prodigue qui revient à la maison,
cette miséricorde invoquée silencieusement par la femme adultère
devant Jésus qui ne la condamne pas,
cette miséricorde qui nous a accompagnés tout au long de ce Carême, maintenant, elle devient victoire et certitude :
Christ est vraiment ressuscité !
Amen ! Alléluia